lunes, 4 de mayo de 2009

Jean Racine y Eugenio de Llaguno 1


A Eugenio de Llaguno y Amírola le debemos esta castellanísima y nobilísima versión de la Athalie de Jean Racine, realizada en 1754.
Le songe d´Athalie -Audio

Athalie. Acte II, scène IV.

MATHAN
Grande reine, est-ce ici votre place ?
Quel trouble vous agite, et quel effroi vous glace ?
Parmi vos ennemis que venez-vous chercher ?
De ce temple profane osez-vous approcher ?
Avez-vous dépouillé cette haine si vive...

ATHALIE
Prêtez-moi l'un et l'autre une oreille attentive.
Je ne veux point ici rappeler le passé,
Ni vous rendre raison du sang que j'ai versé.
Ce que j'ai fait, Abner, j'ai cru le devoir faire.
Je ne prends point pour juge un peuple téméraire :
Quoi que son insolence ait osé publier,
Le ciel même a pris soin de me justifier.
Sur d'éclatants succès ma puissance établie
A fait jusqu'au deux mers respecter Athalie ;
Par moi Jérusalem goûte un calme profond :
Le Jourdain ne voit plus l'Arabe vagabond,
Ni l'altier Philistin, par d'éternels ravages,
Comme au temps de vos rois, désoler ses rivages ;
Le Syrien me traite et de reine et de soeur ;
Enfin, de ma maison le perfide oppresseur,
Qui devait jusqu'à moi pousser sa barbarie,
Jéhu, le fier Jéhu, tremble dans Samarie.
De toutes parts pressé par un puissant voisin,
Que j'ai su soulever contre cet assassin,
Il me laisse en ces lieux souveraine maîtresse.
Je jouissais en paix du fruit de ma sagesse ;
Mais un trouble importun vient, depuis quelques jours,
De mes prospérités interrompre le cours.
Un songe (me devrais-je inquiéter d'un songe ?)
Entretient dans mon coeur un chagrin qui le ronge.
Je l'évite partout, partout il me poursuit.
C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit.
Ma mère Jézabel davant moi s'est montrée,
Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté ;
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage,
Pour réparer des ans l'irréparable outrage.
" Tremble, m'a-t-elle dit, fille digne de moi ;
Le cruel Dieu des Juifs l'emporte aussi sur toi.
Je te plains de tomber dans ses mains redoutables,
Ma fille. " En achevant ces mots épouvantables,
Son ombre vers mon lit a paru se baisser ;
Et moi, je lui tendais les mains pour l'embrasser.
Mais je n'ai plus trouvé qu'un horrible mélange
D'os et de chairs meurtris et traînés dans la fange,
Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux
Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.

ABNER
Grand Dieu !

ATHALIE
Dans ce désordre à mes yeux se présente
Un jeune enfant couvert d'une robe éclatante,
Tels qu'on voit des Hébreux les prêtres revêtus.
Sa vue a ranimé mes esprits abattus ;
Mais, lorsque revenant de mon trouble funeste,
J'admirais sa douceur, son air noble et modeste,
J'ai senti tout à coup un homicide acier
Que le traître en mon sein a plongé tout entier.
De tant d'objets divers le bizarre assemblage
Peut-être du hasard vous paraît un ouvrage.
Moi-même quelque temps, honteuse de ma peur,
Je l'ai pris pour l'effet d'une sombre vapeur.
Mais de ce souvenir mon âme possédée
A deux fois en dormant revu la même idée ;
Deux fois mes tristes yeux se sont vu retracer
Ce même enfant toujours tout prêt à me percer.
Lasse enfin des horreurs dont j'étais poursuivie,
J'allais prier Baal de veiller sur ma vie
Et chercher du repos au pied de ses autels.
Que ne peut la frayeur sur l'esprit des mortels !
Dans le temple des Juifs un instinct m'a poussée,
Et d'apaiser leur Dieu j'ai conçu la pensée ;
J'ai cru que des présents calmeraient son courroux,
Que ce Dieu, quel qu'il soit, en deviendrait plus doux.
Pontife de Baal, excusez ma faiblesse.
J'entre : le peuple fuit, le sacrifice cesse,
Le grand prêtre vers moi s'avance avec fureur.
Pendant qu'il me parlait, ô surprise ! ô terreur !
J'ai vu ce même enfant dont je suis menacée,
Tel qu'un songe effrayant l'a peint à ma pensée.
Je l'ai vu, son même air, son même habit de lin,
Sa démarche, ses yeux, et tous ses traits enfin ;
C'est lui-même. Il marchait à côté du grand prêtre,
Mais bientôt à ma vue on l'a fait disparaître.
Voilà quel trouble ici m'oblige à m'arrêter,
Et sur quoi j'ai voulu tous deux vous consulter.
Que présage, Mathan, ce prodige incroyable ?


MATHAN
Ce songe et ce rapport, tout me semble effroyable.


Athalía. Acto II, escena IV

MATHÁN
¡Qué es esto, reina! ¿Tú en aqueste sitio?
¿Mas qué susto te agita? ¿Qué temores
te hacen desfallecer? Dime, ¿qué buscas
entre tus enemigos? A este templo
acercarte has osado? ¿De tus iras
has depuesto el encono envejecido
con que? ....

ATHALÍA
Dadme los dos atento oído.
No intento hacer memoria
De lo pasado, ni os daré razones
De la copiosa sangre que he vertido.
Cuanto hice, Abner, creí que hacer debía,
Y no admito por juez de mis acciones
A un pueblo temerario y atrevido.
Cuando él murmura la conducta mía,
El mismo cielo tiene
Cuidado de mostrar que justa he sido.
Con famosos y prósperos sucesos
Dígalo mi poder establecido,
Mi nombre venerado
Del uno al otro mar. Ya por mí goza
La gran Jerusalén de paz tranquila;
Y ya no ve el Jordán al vagabundo
Árabe, ni al soberbio filisteo
Asolar sus riberas, como cuando
En vuestros reyes residía el mando.
Reina y hermana el sirio me titula,
Y el pérfido opresor de mi linaje,
Que dilatar pensó su tiranía
Tanto que a mí también me comprendiese,
El bárbaro Jehú tiembla en Samaria,
Viéndose en todas partes acosado
De un potente vecino cuya fuerza
Formidable le supe hacer contraria.
Dueño me deja de esta monarquía.
Y ya gozaba el fruto en paz serena
De la prudencia mía,
Cuando desde algún tiempo una importuna
Tribulación cruel, una quimera
De mis prosperidades rompe el curso.
Un sueño pues (¿debiera
Turbarme un sueño ahora?)
En este pecho alimentar consigue
Una fiera inquietud que le devora,
Que la huyo siempre y siempre me persigue.
De obscura noche en el horror profundo
Se apareció delante de mi lecho
Mi madre Jezabel, con el pomposo
Ornamento del día de su muerte.
Humillado no había
Su altivez lo espantoso de su suerte;
Ni en su rostro faltaba
El mentido esplendor, con que solía
Suplir el enojoso irreparable
Ultraje de la edad. Tiembla, me dice,
Oh tú de mis entrañas digna hija,
Del iracundo Dios de los judíos,
Que su venganza contra ti previene.
¡Cuánto te compadezco de que caigas
bajo el poder de sus terribles manos!
No bien estas palabras espantosas
Articuló, cuando hacia el lecho mío
Reparé que su sombra se acercaba
Abrazarla intenté, mas hallé sólo
De rotos huesos, carne magullada
Un confuso montón y mezcla horrible
Por ciénagas inmundas arrastrada;
Sangrientas jiras de asquerosos miembros
Que los voraces canes a porfía
Despedazaban con rabioso diente.

ABNER
¡Gran Dios!

ATHALÍA
En medio, pues, de tal desorden
Un infante a mis ojos se presenta
Con la cándida ropa ataviado
Que vemos los hebreos sacerdotes.
Su vista recreaba
Mi ánimo abatido, pero luego
Que vuelta en mí admiraba
Su dulce aspecto, su semblante noble,
Sentí que el traidor niño
Escondía severo
En mi garganta un homicida acero.
No extrañaré que acaso
El cúmulo de objetos tan distintos
Obra os parezca de la fantasía.
Yo misma, avergonzada de mi miedo,
De vapor triste efecto los creía;
Pero de su memoria dominado
Mi espíritu, dos veces
La misma idea en sueños ha notado,
Dos veces ya mis ojos desde el lecho
Se han figurado al enemigo infante
Dispuesto siempre a travesarme el pecho.
Cansada, en fin, cansada del funesto
Terror que me persigue, a pedir iba
A Baal que mi vida defendiese
Y a buscar en sus aras de mis males
El deseado alivio. ¡Qué no puede
El pavor de los míseros mortales!
Un raro impulso me acercó al profano
Templo de los judíos con intento
De aplacar a su Dios de mí ofendido.
Con los copiosos dones de mi mano
Creí que lograría (¡oh tú, perdona,
Pontífice de Baal, a mi flaqueza!)
Mitigar de este Dios, sea quien fuere,
La cólera y hacerle más propicio.
Entro pues; huye el pueblo; el sacrificio
Se suspende y el Sumo Sacerdote
Con airado ademán me sale al paso;
Y cuando contra mí la voz dirige,
¡oh admiración, oh asombro!, al mismo infante
vi que así me amenaza, así me aflige,
tal como el sueño le pintó a mi idea.
Yo le vi: en las facciones, en los ojos,
En el aire gentil, en el semblante,
En la ropa y en todo semejante.
Él es, no hay duda, al lado caminaba
Del Sumo Sacerdote, pero luego
De mi asombrada vista le ausentaron.
Ésta es la turbación que de sosiego
Me priva y me detiene en tan odioso
Sitio. Dime, Mathán, ¿qué vaticina
Tan inaudito caso?

MATHÁN
Portentoso
Tu narración y sueño me parecen.

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