martes, 23 de marzo de 2010

Víctor Hugo y Andrés Holguín



OCEANO NOX

Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !

Combien de patrons morts avec leurs équipages !
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;
L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !

Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.
Oh ! que de vieux parents, qui n'avaient plus qu'un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !

On s'entretient de vous parfois dans les veillées.
Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,
Mêle encor quelque temps vos noms d'ombre couverts
Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,
Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures,
Tandis que vous dormez dans les goémons verts !

On demande : - Où sont-ils ? sont-ils rois dans quelque île ?
Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? -
Puis votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli.

Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encor de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !

Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !

Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots, que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous!




OCEANO NOX

¡Ay!, ¡cuántos capitanes y cuántos marineros
que buscaron, alegres, distantes derroteros,
se eclipsaron un día tras el confín lejano!
Cuántos ¡ay!, se perdieron, dura y triste fortuna,
en este mar sin fondo, entre sombras sin luna,
y hoy duermen para siempre bajo el ciego oceano.

¡Cuántos pilotos muertos con sus tripulaciones!
La hojas de sus vidas robaron los tifones
y esparciolas un soplo en las ondas gigantes.
Nadie sabrá su muerte en este abismo amargo.
Al pasar, cada ola de un botín se hizo cargo:
una cogió el esquife y otra los tripulantes.

Se ignora vuestra suerte, oh cabezas perdidas
que rodáis por las negras regiones escondidas
golpeando vuestras frentes contra escollos ignotos.
¡Cuántos padres vivían de un sueño solamente
y en las playas murieron esperando al ausente
que no regresó nunca de los mares remotos!

En las veladas hablan a veces de vosotros.
Sentados en las anclas, unos fuman y otros
enlazan vuestros nombres -ya de sombra cubierta-
a risas, a canciones, a historias divertidas,
o a los besos robados a vuestras prometidas,
¡mientras dormís vosotros entre las algas yertos!

Preguntan: «¿Dónde se hallan? ¿Triunfaron? ¿Son felices?
¿Nos dejaron por otros más fértiles países?»
Después, vuestro recuerdo mismo queda perdido.
Se traga el mar el cuerpo y el nombre la memoria.
Sombras sobre las sombras acumula la historia
y sobre el negro océano se extiende el negro olvido.

Pronto queda el recuerdo totalmente borrado.
¿No tiene uno su barca, no tiene otro su arado?
Tan sólo vuestras viudas, en noches de ciclones,
aún hablan de vosotros-ya de esperar cansadas-
moviendo así las tristes cenizas apagadas
de sus hogares muertos y de sus corazones.

Y cuando al fin la tumba los párpados les cierra,
nada os recuerda, nada, ni una piedra en la tierra
del cementerio aldeano donde el eco responde,
ni un ciprés amarillo que el otoño marchita,
ni la canción monótona que un mendigo musita
bajo un puente ya en ruinas que su dolor esconde.

¿En dónde están los náufragos de las noches oscuras?
¡Sabéis vosotras, ¡olas! , siniestras aventuras,
olas que en vano imploran las madres de rodillas!
¡Las contáis cuando avanza la marea ascendente
y esto es lo que os da aquella voz amarga y doliente
con que lloráis de noche golpeando en las orillas!

Traducción de ANDRÉS HOLGUÍN

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