miércoles, 12 de mayo de 2010

León Bloy y el alma de Napoleón


En réalité tout homme es symbolique et c’est dans la mesure de son symbole qu’il est un vivant. Il est vrai que cette mesure est inconnue, aussi inconnue et inconnaissable que le tissu de combinaisons infinies de la Solidarité universelle. Celui qui saurait exactement, par un prodige d’infusion, ce que pèse un individu quelconque, celui-là aurait sous les yeux, comme un planisphère, tout l’Ordre divin.

Ce que l’Église nomme la Communion des saints est un article de foi et ne peut pas être autre chose. Il faut y croire comme on croit à l’économie des insectes, aux effluves de germinal, à la voie lactée, en sachant très bien qu’on ne peut pas comprendre. Quand on s’y refuse on est un sot ou un pervers. Par l’Oraison Dominicale il est enseigné qu’il faut demander notre pain et non pas mon pain. Cela pour toute la terre et pour tous les siècles. Identité du pain de César et du pain de l’esclave. Identité mondiale de l’impétration. Équilibre mystérieux de la puissance et de la faiblesse dans la Balance où tout est pesé. Il n’y a pas un être humain capable de dire ce qu’il est avec certitude. Nul ne sait ce qu’il est venu faire en ce monde, à quoi correspondent ses actes, ses sentiments, ses pensées ; qui sont ses plus proches parmi tous les hommes, ni quel est son nom véritable, son impérissable Nom dans le registre de la Lumière. Empereur ou débardeur nul ne sait son fardeau ni sa couronne.

(L’âme de Napoléon)

LÉON BLOY



En realidad todo hombre es simbólico y es un ser viviente en la medida en que es un símbolo. Es cierto que esa medida nos es desconocida, tan desconocida e incognoscible como la trama de las combinaciones infinitas de la Solidaridad Universal. Aquél que supiera exactamente, por un prodigio infuso, lo que pesa un individuo cualquiera, podría contemplar, como en un planisferio, todo el Orden Divino.

Lo que la Iglesia llama Comunión de los Santos es un artículo de fe y no puede ser nada más que eso. Tenemos que creer en ella como creemos en la economía de los insectos, en los efluvios de germinal, en la Vía Láctea, perfectamente conscientes de que es algo imposible de entender. El que se niega a ello es un tonto o un perverso. En la Plegaria Dominical se enseña que debemos pedir nuestro pan y no mi pan. Y esto, en toda la tierra y por todos los siglos. Identidad del pan del César y del pan del esclavo. Identidad mundial de la impetración. Equilibrio misterioso de la fuerza y de la debilidad en la Balanza en que todo se pesa. No hay un solo ser humano capaz de decir, con certeza, lo que él es. Nadie sabe lo que ha venido a hacer a este mundo, a qué cosa corresponden sus actos, sus sentimientos, sus pensamientos; ni quiénes, de entre los hombres, le son más cercanos, ni cuál es su verdadero nombre, su imperecedero Nombre en el registro de la Luz. Emperador o cargador, nadie sabe cuál es su fardo ni cuál es su corona.

Traducción de Miguel Ángel Frontán


1 comentario:

  1. Il est toujours étonnant de constater à quel point les idées maîtresses de Bloy ont inspiré Borges. Ce bel extrait en est la preuve.

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