sábado, 25 de diciembre de 2010

Paul Claudel y Ángel José Battistessa



L'Enfant-Jésus de Prague


Il neige. Le grand monde est mort sans doute. C'est décembre.
Mais qu'il fait bon, mon Dieu, dans la petite chambre !
La cheminée emplie de charbons rougeoyants
Colore le plafond d'un reflet somnolent,
Et l'on n'entend que l'eau qui bout à petit bruit.
Là-haut, sur l'étagère, au-dessus des deux lits,
Sous son globe de verre, couronne en tête,
L'une des mains tenant le monde, l'autre prête
A couvrir ces petits qui se confient à elle,
Tout aimable dans sa grande robe solennelle
Et magnifique sous cet énorme chapeau jaune,
L'Enfant-Jésus de Prague règne et trône.
Il est tout seul devant le foyer qui l'éclaire
Comme l'hostie cachée au fond du sanctuaire,
L'Enfant-Dieu jusqu'au jour garde ses petits frères.
Inentendue comme le souffle qui s'exhale,
L'existence éternelle emplit la chambre, égale
A toutes ces pauvres choses innocentes et naïves !
Quand il est avec nous, nul mal ne nous arrive.
On peut dormir, Jésus, notre frère, est ici.
Il est à nous, et toutes ces bonnes choses aussi :
La poupée merveilleuse, et le cheval de bois,
Et le mouton, sont là, dans ce coin, tous les trois.
Et nous dormons, mais toutes ces bonnes choses sont à nous !
Les rideaux sont tirés… Là-bas, on ne sait où,
Dans la neige et la nuit sonne une espèce d'heure.
L'enfant dans son lit chaud comprend avec bonheur
Qu'il dort et que quelqu'un qui l'aime bien est là,
S'agite un peu, murmure vaguement, sort le bras,
Essaye de se réveiller et ne peut pas.


PAUL CLAUDEL






El Niño Jesús de Praga

Nieva. El mundo ha muerto sin duda. Es diciembre.
¡Mas en el cuarto, oh Dios, qué grato es el ambiente!
Repleta de rojizo carbón, la chimenea
Somnolientos matices en el techo refleja,
Y sólo se oye el agua que hierve cantarina
Sobre la rinconera, entre las dos camitas,
En su nicho de vidrio, orlada la cabeza.
En una mano el mundo, y la otra mano presta
A cubrir a esos niños que en él confianza tienen,
Graciosamente amable en su manto solemne
Y magnífico bajo su dorada corona,
Reina el Niño Jesús de Praga, en plena pompa.
Está solo. El hogar de frente lo ilumina
Como a hostia en el fondo del santuario escondida,
A sus dos hermanitos el Niño-Dios vigila.
Muy queda, como aliento que se exhala suavísimo,
Toda la vida eterna va colmando el recinto,
Entre esas pobres cosas inocentes e ingenuas.
Si él está con nosotros, no sabremos de penas.
Bien podemos dormir, que Jesús nuestro hermano
Está aquí y junto a él lo que mejor amamos.
La muñeca, el caballo, el blanco carnerito,
Allí en ese rincón yacen los tres reunidos.
¡Y nosotros dormimos, pero todo eso es nuestro!
Corridas las cortinas… Un reloj a lo lejos,
En la nieve y la noche da una hora indecisa.
El niño, en la tibieza de su cama, adivina
Que duerme y que allí cerca hay alguien que lo quiere.
Se agita, balbucea, un bracito distiende.
Intenta despertarse — intenta, mas no puede.


Traducción de ÁNGEL JOSÉ BATTISTESSA