lunes, 5 de septiembre de 2016

José Lezama Lima: Ah, que tú escapes...

AH, QUE TÚ ESCAPES
Ah, que tú escapes en el instante
en el que ya habías alcanzado tu definición mejor.
Ah, mi amiga, que tú no quieras creer las preguntas
de esa estrella recién cortada,
que va mojando sus puntas en otra estrella enemiga.
Ah, si pudiera ser cierto que a la hora del baño,
cuando en una misma agua discursiva
se bañan el inmóvil paisaje y los animales más finos:
antílopes, serpientes de pasos breves, de pasos evaporados,
parecen entre sueños, sin ansias levantar
los más extensos cabellos y el agua más recordada.
Ah, mi amiga, si en el puro mármol de los adioses
hubieras dejado la estatua que nos podía acompañar,
pues el viento, el viento gracioso,
se extiende como un gato para dejarse definir.


OH ! POURQUOI DOIS-TU T'ENFUIR…
Oh ! pourquoi dois-tu t’enfuir à l’instant même
où tu avais atteint ta définition la meilleure.
Ô, mon amie, pourquoi ne veux-tu pas
croire aux questions de cette étoile que l’on vient de cueillir
et qui s’en va mouillant ses pointes dans une étoile ennemie.
Oh ! s’il était vrai qu’à l’heure du bain
dans la même eau discursive se baignent
l’immobile paysage et les animaux les plus fins :
antilopes, serpents aux pas brefs, aux pas évaporés
qui semblent, comme en rêve, recueillir doucement
les cheveux les plus longs et l’eau qu’on n’oublie point.
Ô, mon amie, pourquoi dans le marbre pur des adieux
n’as-tu pas laissé la statue capable de nous tenir compagnie,
puisque le vent, le vent plein de grâce
s’étire comme un chat pour mieux se laisser définir.
Version française de Miguel Ángel Frontán.